Déroulement des travaux

Le stage a un caractère éminemment pratique. Il ne s’agira pas de débattre des questions théoriques concernant l’utilisation de l’ordinateur ou d’Internet dans les sciences humaines en général. On apprendra en revanche à se servir, de manière très concrète et détaillée, de la plateforme Hyper pour publier des éditions savantes sur le Web. À ce propos, nous invitons les participants à emmener avec eux à Munich des documents numériques – quelques pages de fac-similés accompagnées de leurs transcriptions, éventuellement des parcours génétiques, des commentaires, des essais ou des traductions –, afin de pouvoir les utiliser comme matériaux pour les travaux pratiques.
Le programme prévoit des cours d’explication des fonctionnalités et des procédures d’Hyper alternés avec des travaux pratiques réalisés par les participants et présentés publiquement à la fin de chaque journée. Pendant les travaux pratiques, des enseignants seront à disposition pour aider les participants à mettre en œuvre les connaissances apprises. Les cours se tiendront en anglais ; les présentations des travaux pourront être effectuées en allemand, anglais, français et italien ; l’assistance pendant les travaux pratiques sera disponible en anglais, allemand, français, italien, japonais et suédois.

Jeudi 22 juin 2006, 15 heures : Ouverture du colloque

L’ouverture du colloque sera consacrée à une présentation générale du projet Hyper, concernant aussi bien les fonctions déjà disponibles que les parties qui seront développées à l’avenir.
Paolo D’Iorio illustrera la philosophie générale du projet Hyper et tracera les contours de cette nouvelle infrastructure de recherche et de publication sur le Web dans ses rapports à l’infrastructure traditionnellement utilisée par les chercheurs en sciences humaines.
Michele Barbera présentera l’architecture informatique qui permettra aux plateformes Hyper d’échanger des informations entre elles, à l’intérieur de la Fédération des Hyper, et avec d’autres systèmes informatiques.
Hans Walter Gabler, à partir du cas HyperWoolf, réfléchira sur la généralisation du projet pilote (HyperNietzsche) à d’autres auteurs.

Vendredi 23 juin 2006, 9 heures : Classement des sources primaires et publication de fac-similés sur le Web

Avant que tout fonds documentaire soit exploitable par des chercheurs, il faut préalablement procéder à son classement. À cette fin, dans le monde du papier, des archivistes ou des bibliothécaires apposent des cotes sur les volumes, numérotent les pages des manuscrits et rédigent des catalogues, de sorte que les chercheurs puissent identifier de manière univoque leurs objets d’étude et s’y référer sans ambiguïté dans leurs éditions et dans leurs commentaires. Le classement crée donc un système de signes (cotes, numéros de page) associés de manière biunivoque aux sources primaires et à leurs parties et rend ainsi un fonds documentaire citable et donc exploitable à des fins de recherche.
Hyper transpose cette opération intellectuelle dans un environnement numérique et permet de créer un système d’identifiants uniques (les « sigles ») qui sont associés de manière biunivoque aux sources primaires (les « matériaux »), mais qui en même temps correspondent à des adresses Web stables, en rendant ainsi un fond documentaire pleinement exploitable dans un environnement de recherche électronique. Au lieu d’écrire les cotes et les numéros de page sur les matériaux eux-mêmes, nous allons apprendre à les écrire dans notre infrastructure de recherche électronique, Hyper.
Le classement numérique est donc la première des contributions scientifiques dont Hyper gère la publication sur le Web. Matteo d’Alfonso et Barbara Keiko Saile en donneront une explication théorique et présenteront un exemple pratique de classement numérique de manuscrits, d’œuvres imprimées et de fonds iconographiques.

Une fois le classement établi, il est possible d’associer à chaque sigle d’autres types de contributions scientifiques, par exemple des reproductions en fac-similés des sources primaires. Salvatore Viola et Barbara Keiko Saile montreront comment publier différents types d’éditions fac-similés dans Hyper.

Vendredi 23 juin 2006, 15 heures : Classement des sources primaires, deuxième partie : passage à la granularité inférieure

Dans l’après-midi, nous reviendrons sur la question du classement numérique pour montrer comment Hyper permet d’effectuer des classements numériques plus fins que ceux normalement réalisés dans le monde du papier. En effet, Hyper permet d’attribuer un sigle non seulement à chaque page, mais aussi à des zones de la page : on peut ainsi définir par exemple des notes dans une page manuscrite, des alinéas dans un texte imprimé, voire des détails de l’image dans le cas d’un fonds iconographique. Chaque zone de la page ou de l’image est identifiée de manière rigoureuse par un ensemble de coordonnées cartésiennes, reçoit un sigle et une adresse Web unique et stable, et devient ainsi citable dans un environnement numérique. À la démonstration et de Matteo d’Alfonso et Barbara Keiko Saile succèderont les travaux pratiques des participants.
À la fin de la deuxième journée du stage, les participants auront réalisé et publié sur une plateforme Hyper de démonstration des classements et des éditions fac-similés à partir de leurs propres matériaux numériques. Une séance de présentation de ces travaux clôturera la journée.

Samedi 24 juin 2006 : Encodage et publication des manuscrits et des œuvres.

En plus des éditions fac-similés, Hyper est en mesure de publier diverses éditions des manuscrits et des œuvres en mode texte. Le fonctionnement d’Hyper et sa manière de structurer l’information ne sont pas basés sur un système d’encodage des textes, et encore moins sur un langage d’encodage en particulier. Au contraire, Hyper permet de publier diverses éditions, établies avec des critères éditoriaux différents et utilisant différents formats d’encodage (HTML, XML, TEI...).
Cela dit, le projet HyperNietzsche a également conçu un nouveau langage d’encodage, basé sur XML et inspiré de la Text Encoding Initiative (TEI), qui est particulièrement adapté à la représentation des processus génétiques qui sont à l’œuvre dans les manuscrits des écrivains : le HyperNietzsche Markup Language (HNML). Ce langage est bien sûr adapté aux caractéristiques des manuscrits de Nietzsche, mais il est probablement utilisable sans trop de modifications pour d’autres auteurs. Au cours de la troisième journée, Volker Zapf va présenter le HNML et ses fonctions les plus intéressantes comme la possibilité de produire une édition critique et une édition diplomatique à partir du même encodage, ou la représentation des niveaux d’écriture présents sur une même page.
Salvatore Viola montrera comment, à partir de l’encodage HNML, on peut produire de façon semi automatisée un code XML prêt à être importé dans un logiciel de PAO (comme Xpress ou InDesign) et produire une version imprimée de qualité professionnelle. Salvatore Viola présentera également d’autres types de transcription des manuscrits conçus par le projet HyperNietzsche : les transcriptions ultradiplomatiques et les transcriptions interactives.
Alois Pichler terminera la journée en montrant la possibilité de publier dans Hyper des éditions de manuscrits et d’œuvres réalisées avec le langage d’encodage standard de la TEI. Il présentera également un exemple d’adaptation du langage TEI conçu pour les manuscrits de Wittgenstein.

Dimanche 25 juin 2006 : Publication d’essais et d’autres contributions scientifiques.

La dernière matinée du colloque sera consacrée aux procédures de publication dans Hyper de quatre autres types de contributions scientifiques : les chemins, les commentaires, les essais et les traductions.
Un chemin est un type de contribution établie par un chercheur, qui consiste à rassembler d’une façon pertinente une suite chronologique, thématique ou génétique de sources primaires (représentés par leurs sigles) éventuellement en les accompagnant d’un commentaire. Une fois que les chercheurs ont établi et publié un certain nombre de chemins, Hyper est en mesure de générer automatiquement un rhizome qui présente graphiquement tous les chemins qui croisent un matériau donné, par exemple une page de manuscrit. Volker Zapf et Barbara Keiko Saile donneront une démonstration de l’usage de cette fonction.
Hyper permet de publier des essais en mode image, tout simplement en numérisant des articles ou des livres déjà publiés sur papier ; ou bien des essais en mode texte, inédits ou déjà édités en livre ou sur Internet. Le lecteur peut feuilleter l’essai, l’agrandir et l’imprimer. Chaque essai reçoit un sigle qui est composé par l’initiale du ou des prénoms de l’auteur, suivie par son nom, un tiret et un numéro progressif. Ce sigle, ajouté à l’adresse du site (par exemple dans HyperNietzsche : <http://www.hypernietzsche.org/mmontinari-5>) permet d’identifier de façon stable et non ambiguë chaque essai publié dans Hyper et de le citer. Les commentaires sont de textes courts, étroitement liés au matériau commenté, envoyés en format html. Chaque document d’Hyper – un essais, un commentaire, l’édition d’une œuvre ou d’une page manuscrite, et aussi la description d’un chemin – peut être l’objet d’une traduction dans une autre langue et les traductions publiées par les chercheurs sont évidemment automatiquement liées aux documents originaux. Matteo d’Alfonso expliquera la procédure de publication et d’évaluation par les pairs de ces différents types de contributions scientifiques.

Après les travaux pratiques habituels, le stage se terminera avec une discussion générale.